La culture de l'Irresponsabilité

 

Deux textes du Journal de Montréal retiennent ici mon attention.
D’abord, celui de Richard Martineau, Je suis réconforté d’être enfin vacciné (25 mars); puis, celui de Nathalie Elgrably-Lévy, C’est le déclin de notre civilisation (26 mars). Deux textes d’opinion radicalement opposés au sujet du vaccin contre la covid-19.

Martineau, pour faire bref, dévoile son penchant irrésistible pour la philosophie transhumanisme. C’est quoi le transhumanisme ?, demanderez-vous avec raison. Il faut citer à cet égard le mot du philosophe britannique Max More (Max Plus, son nom dit tout) :

Nous n’acceptions pas les aspects indésirables de la condition humaine. Nous défions les limitations naturelles traditionnelles imposées à nos possibilités. Nous soutenons l’utilisation de la science et de la technologie pour avoir raison des contraintes sur la durée de nos vies, de notre intelligence, de la vitalité personnelle et de la liberté. Nous reconnaissons l’absurdité d’accepter les limites naturelles à notre longévité avec résignation.

J’invite Martineau à lire l’essai de Max Plus, Les principes de l’extropie à : http://extropy.org/principles.htm. Le chroniqueur y trouvera un laudateur comme pas un de la science et de la technologie. Martineau y trouvera son pape. Enfin, il sera compris comme jamais il ne l’a jamais été ! Un peu de philosophie n’a jamais fait de tort à personne.

Le chroniqueur-choc comprendra qu’il est le lointain descendant du philosophe britannique, lui aussi, Francis Bacon (1560-1626). Il lira dans La Nouvelle Atlantide (1627) ce que l’homme est en droit d’attendre de la science :

Prolonger la vie.

Rendre, à quelque degré la jeunesse.

Retarder le vieillissement.

Guérir des maladies réputées incurables.

Amoindrir la douleur.

etc.

L’optimisme de Bacon annonce celui des Lumières.

Mais c’est à René Descartes que j’enjoins le chroniqueur de lire ou de relire Le Discours de la Méthode (1637), en particulier, là où le philosophe, père de la philosophie moderne, écrit : «... nous rendre comme maîtres et possesseurs de la nature », mettant de l’avant la science nouvelle émergente. La santé, en particulier, avec la médecine. Car il convient de « ...procurer, autant qu’il est en nous, le bien général de tous les hommes. »

Nathalie Elgrably-Lévy, de son côté, se demande ce qui explique la déconfiture de l’Occident dans sa lutte contre le covid-19 à l’aide du vaccin. Contrairement au Maroc entre autres faisant figure de proue.

Pour ma part, je tiens que la responsabilité est la clef dans cette affaire de pandémie. La Suède, entre autres, n’a pas joué la carte du confinement radical, comme ici au Québec. Pourtant, le pays scandinave eut autant, sinon moins, de mortalité qu’ici où le confinement fut sévère. La différence s’explique par la responsabilité. Un État qui mise sur la responsabilité de ses citoyens est de loin préférable à un État où les citoyens délèguent leur responsabilité à l’État. Ici, au Québec, la santé est d’abord une affaire collective, et non individuelle. Lorsque quelqu’un est malade, il revendique son droit à la santé. Plus de 40 milliards du budget annuel du Québec est affecté à la santé. Consternant et ahurissant.

Sous des dehors du respect de la vie humaine, le premier ministre Legault n’en a cure car ce qu’il vise d’abord et avant tout c’est la bonne marche du système de santé. N’en soyons surtout pas dupes. Legault répond à l’assertion de Nicolas Machiavel : « Celui qui contrôle la peur des hommes devient le maître de leur âme. »

Nos démocraties favorisent la liberté au détriment de la vertu inverse, la responsabilité. Martineau remet toute sa dignité dans les mains de la science et de l’État. Les lendemains seront difficiles pour ceux et celles qui larguent toute responsabilité.

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