L'ombre du Québec
L’effet psychologique délétère des mesures sanitaires touchant la covid au Québec n’ont pas reçu jusqu’ici le traitement qu’il mérite.
Les troubles psychologiques ne sont pas uniquement individuels, mais aussi collectifs. Du moins selon la psychanalyse due à Carl Gustav Jung (1875-1961).
Jung a mis au point la notion psychique d’« ombre ».
Qu'est-ce donc que l’ombre ? Chacun porte en lui un mal aimé. Un personnage détesté
et détestable que nous avons refoulé dans le tréfonds de notre propre psyché.
Par exemple, une personne ayant été marquée par un éducateur qui méprisait ses
élèves pour leur ignorance et leur intelligence, pourra développer en lui-même un
personnage ignare et niais, stupide qui pourra éventuellement prendre le
contrôle de la personne en l’amenant à douter de lui-même de son intelligence,
de ses capacités cognitives. L'ombre dominera alors la personne en la jetant
possiblement dans la maladie mentale.
L'ombre peut aussi être collective, nationale, pas
seulement individuelle ou personnelle. Quelle serait l’ombre refoulée du Québec
? Vaste question car elle renvoie à l’histoire du Canada français d’hier.
Pour faire une histoire courte, disons que, comme chacun
sait, à la suite de la conquête de la Nouvelle-France par les Britanniques en 1760, l’élite
française retourna en France, laissant entre les mains de l’Église catholique
le destin des Canadiens français.
Ce qui engendra une ombre redoutable qui fut celle de
l’écrasement, de la docilité, de la
soumission aux diktats de l’Église.
Lorsqu’on n’a pas le choix (ou presque) de plier
l’échine devant une autorité qui vous menace de vie ou de mort – de la géhenne
éternelle -, une ombre puissante ombre psychique inconsciente émergea consistant
à plier l’échine, être docile, écouter sans mot dire (sans maudire). D’où une
ombre collective ténébreuse qui plane sur
tous les contraignant à l’immobilisme, à l’imitation, à l’indistinction, à la
copie servile, à la dénonciation. La liberté, l’autonomie, l’initiative, l’originalité, la
responsabilité, etc. font désormais cruellement défaut.
On rétorquera que, depuis 1960, lors de la Révolution
tranquille, les Canadiens français, devenus des Québécois, se sont pris en
mains, ont secoué le joug de l’Église, sont devenus laïcs, se sont donnés un État,
devinrent indépendantistes et souverainistes, etc.
On ne saurait le contester. Toutefois, l’ombre ténébreuse
de la docilité, de l’irresponsabilité, etc. est toujours présente et active.
En fait, la soit-disante Révolution tranquille n’a
fait que braquer l’ombre collective. Ce qui est parfaitement anti-thérapeutique.
D’après Jung, il convient d’apprivoiser l'ombre au
lieu de s’y opposer farouchement en croyant la rejeter aux rebus.
Il convient d’abord de la reconnaître, de l’accueillir
pour elle-même même si elle paraît détestable et pénible. L’ombre n’est pas
notre ennemie mais une partie de nous-même, bien que refoulée.
Il faut ensuite chercher à se réconcilier avec
l’ombre. Tenter d’abord de bien l’écouter, la comprendre, sans la juger. Il
convient de se « connaître soi-même » comme l'indiqua Socrate.
Comprendre à fond les pièges de la docilité, de la
servilité, de l’irresponsabilité car ces attitudes ne conduisent nullement à l’épanouissement
de soi. En fait, c’est uniquement le Soi qui est en mesure de réconcilier
l’antagonisme de l’ombre et du moi conscient. Le Soi, selon Jung, est au centre
de toute la psyché de la personne. Le Soi seul est en mesure d’opérer la
réorganisation de la psyché dans son ensemble. Le Soi est ainsi appelé l’imago
Dei (image de Dieu).
Cela étant dit, voyons où en est le Québec par rapport à son ombre au cours de l’actuelle crise sanitaire gérée par le gouvernement Legault.
Il faut d’emblée dire que l’ombre québécoise émerge et nous enveloppe
de ses tentacules. La docilité est à son comble. L’État joue maintenant le même
rôle que jouait l’Église catholique. C’est la soumission. Le Premier ministre joue
le personnage d’un grand archevêque tonnant du haut de la chaire, vilipendant
ceux et celles qui n’observent pas les consignes sanitaires, tels des
commandements divins. Le passeport vaccinal apparaît dès lors comme le signe
manifeste divisant, à droite, les élus, des vilains damnés à gauche. Muni de
l’état d’urgence, tous courbent l’échine devant les diktats du pape François 1er Legault.
L’ombre de l’irresponsabilité qui effleure
dans la crise sanitaire. Le système de santé québécois apparaît comme une bête
hideuse ingérable coûtant une fortune au trésor québécois. Si quelqu’un est
malade, il réclame de droit des soins de santé gratuit. C’est le réflexe
automatique. La responsabilité individuelle de se soucier de sa propre santé
n’a plus aucune résonnance. L’État est là pour veiller au soins de tous les
citoyens. L’accessibilité aux soins de santé a engendré une culture de
l’irresponsabilité à l’égard de sa propre santé. Voilà l’ombre qui plane sous
nos têtes. L’égalité dans la santé nous a obnubilé.
L’égalité constitue une valeur fort prisée des Québécois.
Elle est au cœur de l’État québécois. En fait, cette valeur produit de nombreux
dégâts projetés dans l’ombre. Chacun se soucie désormais des conditions de vie
d’autrui et s’y compare. On perd de la sorte l’attention sur ce qui est
essentiel pour soi-même, à nos besoins, à nos intérêts, à nos aspirations. On est
obsédé par ce que les autres possèdent, et nous nous révoltons contre ceux et
celles qui possèdent plus que nous. En somme, l’égalité nous détourne de ce qui
est bon pour nous, nous projetant sur ce que les autres possèdent. D’où la
haine radicale des riches et des véreux capitalistes.
On encourage pas l’initiative personnelle. On réclame
de l’État ce qui nous est apparemment dû. L’ombre nous enlise dans la
revendication. L’ombre détourne notre regard sur nous-même, sur nos besoins,
nos intérêts, pour réclamer ceux des autres. Bref, l’ombre nous aliène,
c’est-à-dire nous rend étranger à nous-même.
François 1er Legault divise les Québécois
entre les vaccinés et les non vaccinés; les altruistes et les égoïstes; les
bons et les méchants; les élus et les damnés. Pauvre type. Pauvre Premier
ministre. Pauvre être humain.
Il persiste et il signe. Il a une bataille à gagner.
Ce n’est qu’un administrateur. Bon nombre de Québécois plient l’échine. Il réveille l’ombre au lieu d'en prendre acte. Il est incapable d’en appeler au Soi, le seul moyen de se
sortir de cette crise, de toute crise.
Dans la modernité, le Sauveur est absent. Des experts,
des techniciens sont au pouvoir. La sagesse nous a quitté. La science remplace
la sagesse. Ce sont des experts comptables, des médecins, des technocrates, qui
nous gouvernent.
La pensée, la réflexion, qui remet en question, qui
ouvre les horizons, n’est plus de mise. Nous sommes en état d’urgence
permanent, et le gouvernement Legault impose sa loi sans partage ni
contestation possible. Aucun parti de l’opposition à l’Assemblée nationale ne
se lève pour contester les décisions de Big Brother Legault.
La docilité légendaire des Canadiens français reprend
du service. Seul le chef du Parti Populaire du Canada, Maxime Bernier, ose
secouer le joug en regroupant les partisans anti-vaccin lors de l’élection
fédérale du 20 septembre prochain. Le chef du Bloc, Yves-François Blanchet
s’agenouille devant Justin Trudeau qui va, s’il est réélu, imposer la
vaccination à toute la fonction publique fédérale.
M. Blanchet est malhabile en servant comme il le fait les idéaux souverainistes ou indépendantistes des Québécois. Il ne fait que réactualiser l’ombre de la docilité et de l’irresponsabilité des Canadiens français, aujourd’hui des Québécois. Tant que le chef du B;oc s’astreindra à faire fi de l’ombre québécoise - ainsi que le chef du Parti Québécois, Paul St-Pierre Plamondon - la souveraineté du Québec demeurera un rêve. Avant la crise sanitaire, le Québec dormait sur ses deux oreilles dans son ombre. Aujourd’hui, l’ombre se réveille et se montre sous les traits funestes de la docilité ainsi que l'irresponsabilité. Le conformisme a force de loi. L’esclavage devient la norme.
Le chef, le Premier ministre, doit représenter le Soi,
celui qui doit réconcilier l’ombre avec le moi conscient. Ce n’est
malheureusement pas le cas. Peut-être que René Lévesque avec l’allure du Soi.
Quoi qu’il en soit, le Québécois veut sortir de l’enfermement de la docilité, de
l’irresponsabilité et du conformisme. Il faut espérer un chef capable de
réconcilier l’ombre avec le désir légitime de liberté et d’indépendance. Et ce
n’est certainement pas le cas avec François 1er Legault.

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