Culture et cityonneté québécoise

 

L’homme est-il naturellement religieux ? En fait, la question aujourd’hui ne se pose plus. La philosophie postmoderniste a en effet mise à l’index toute interrogation à propos de ce qui est naturel, substantiel, essentiel, l'éternel. Comme disait le philosophe postmoderne français, Jean-François Lyotard, ce ne sont là que des « métarécits ». La question implique cette autre, inconcevable, innommable, condamnable dans une société libérale démocratique : Serait-il contre-nature d’être sans religion ? Depuis le Siècle des Lumières, les penseurs n’ont cessé de défendre la légitimité de l’athéisme ou de l’agnosticisme.


Le cours d’Éthique et de culture religieuse (ECR) était donc mal barré au départ. Car dans la société actuelle, il convient de reconnaître chacun et chacune dans la réalisation de ses propres projets de vie, sans jamais oser les condamner. De la sorte, la religion apparaît comme un trouble-fête dans l’Occident démocratique auquel adhère le Québec depuis la Révolution Tranquille. Si la religion devait être naturelle, alors les athées et les agnostiques feraient fausse route. On comprend que les Daniel Baril et les Normand Baillargeon de ce monde ne se soient pas sentis à l’aise avec le cours ECR. Leur point de vue athée ne les incluait pas.

La prémisse d’ECR fut précisément que l’homme est par nature religieux. Que la religion fait partie de l’identité de l’être humain. On comprend que ECR risquait gros et que, tôt ou tard, le gouvernement devait y mettre la hache. Après quinze ans, il était temps que l’on biffe la prémisse d’ECR, à savoir que l’homme est par nature religieux. Aussi, Daniel Baril, entre autres, jubile.

Le mot célèbre d’Aristote « Par nature, l’homme est un animal politique » semble mieux convenir aux oreilles du ministre. Le titre du nouveau cours, Culture et citoyenneté québécoise, paraît mieux adapté. L’identité se conjuge au social. Le moi est d’abord une affaire de société. Je suis un être social. Il n’y aurait rien au-delà de la société.

Qu’est-ce donc que la société ? Une mystique. En effet, comme l’écrit la philosophe américaine Ayn Rand d’origine russe : « ... la mystique sociale des modernes... voient la société comme un super-organisme, comme une entité surnaturelle différente et supérieure à la somme de ses membres individuels. »[1] En somme, il s’agit de religion moderne. L’individu n’existe pas indépendamment de la société. C’est le collectivisme. Voilà la religion moderne.

Or, d’après la psychologie des profondeurs de Carl Gustav Jung (1875-1961), la société des modernes ne serait que l’archétype de Dieu revampé. Rien n’existe au-delà de la société. Tout s’y réduit. Aucune transcendance n’existe en dehors de la société. Nous en sommes là.

L’État prend désormais la place de Dieu. Big Brother n’est pas seulement le fruit d’un imaginaire débordant, celui d'Orwell. Si Dieu est archétype, Big Brother en est l’avorton actuel.

Désormais, l’État seul sait ce qui est bon en matière d’éducation. D'où son détestable paternalisme.



[1] Ayn Rand, La vertu d’égoïsme, Paris, Les Belles Lettres, 1993, p. 165.

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