De la synchronicité (suite)

 

Le meilleur exemple du holisme est sans aucun doute celui professé par l’écologie : la biosphère constitue une totalité intégrée d’écosystèmes. Les écosystèmes sont tous reliés les uns aux autres. Ce qui se passe dans l’un à un impact chez tous les autres. Actuellement, la biosphère se porte mal en raison de l’activité humaine. Elle souffre, en langage psychologique, d’une sorte de « dissociation », d’un oubli, bref d’une « ombre ». C’est que la toute-puissance humaine a régimenté la nature selon le mot de Descartes dans son Discours de la Méthode : «... nous rendre comme maîtres et possesseurs de la nature. »[1] 


Depuis le Siècle des Lumières, c’est que l’Occident a entrepris. Aujourd’hui, une jeune suédoise, Greta Thunberg, s’élève pour rappeler à l’ordre les dirigeants mondiaux afin qu’ils cessent de malmener la planète. Lorsqu’on en arrive à ce point où c’est l’enfant qui interpelle l’adulte, c’est que quelque chose cloche sérieusement. Il ne faut pas être fin psychologue pour reconnaître dans ce cri du cœur de la jeunesse, un sérieux avertissement provenant de l’inconscient.

Déjà saint Paul écrivait : « La création tout entière gémit dans les douleurs de l’enfantement » (Romains 8,22). Il faut comprendre que la création n’a pas eu lieu une fois pour toutes dans ce que décrit le récit biblique de la Genèse. Car la création a toujours lieu, aujourd’hui, maintenant. Elle est toujours en cours. Le mot de saint Paul, écrit vers 65 de notre ère, s’adresse donc à nous aujourd’hui même.

D’où les phénomènes de synchronicité.

Il convient de se représenter le temps, non pas comme linéaire, ainsi que le veut la conception mécaniciste remontant à Descartes, mais comme étant circulaire. Il n’est pas question d’éternel retour du même, car la circonférence est infinie. Chaque point temporel sur la circonférence est relié au Centre. Ce Centre est équidistant à chaque point. Le Centre est contemporain de chaque point du temps. Ce qui explique que la création soit toujours nouvelle à chaque moment temporel.

Dieu lui-même est le Centre. Dieu est au-delà du temps, atemporel, bien qu’Il soit contemporain de chaque instant, de chacun des points sur la circonférence. Notre petit moi conscient, lui, est inscrit dans le temps. Il ne peut concevoir l’atemporalité et, par conséquent, Dieu. Seul le Soi peut le concevoir. Lui seul est à même de comprendre les archétypes dans l’inconscient et d’enclencher le processus de réalisation de notre être.

Si nous revenons à mon exemple personnel de synchronicité, considérer les deux tiges de fer cruciforme révèle l’archétype de la croix. Seul le Soi est en mesure de « voir » cela. C’est-à-dire de constater la synchronicité : la pièce de métal ramassée en vue du recyclage est cela même qui préside au Recyclage de l’humanité, la croix salvifique. L’archétype, universel par excellence, fait ici irruption dans la temporalité.

Le mot de saint Paul résonne dans tout l’univers. Il n’a fait qu’énoncer une Vérité immémoriale : la création est toujours en devenir. La conception linéaire du temps qui est celle de la science exclut la synchronicité. Le mot de saint Paul porte sur un temps ancien, certes, mais tout autant actuel à la fois.

Cela signifie que la Parole de Dieu, le Logos, le Verbe, le Christ, etc., a vaincu la mort et cela est toujours vrai aujourd’hui, maintenant.



[1] René Descartes, Discours de la Méthode, Paris, Vrin, 1999, p. 127.

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