César Legault

 

Les demandes de sévir contre les non-vaccinés se font de plus en plus insistantes auprès du gouvernement Legault. Apparemment, les non-vaccinés représenteraient actuellement 50% des hospitalisés, soit 10% de la population. Le chroniqueur de La Presse, Patrick Lagacé (31 décembre 2021), n’y va pas de main morte : Pourquoi admettre les non vaccinés à l’hôpital sans passeport vaccinal ? Lagacé en a fichtrement marre des non-vaccinés semant la zizanie dans les hôpitaux. Il invite le Premier ministre Legault à sévir contre eux en leur interdisant l’accès aux soins de santé. D’autres évoquent l’usage du passeport vaccinal pour accéder aux succursales de la SQDC et de la SAQ. D’autres vont encore plus loin en exhortant le gouvernement à exiger le passeport vaccinal pour l’épicerie. Enfin, plusieurs vaccinés trouvent carrément injustes le couvre-feu valant pour tout le monde, les vaccinés comme les non-vaccinés.

Je ne souhaiterais pour rien au monde me retrouver dans les souliers du Premier ministre. Arbitrer cette crise sanitaire, qui n'est que politique, se révèle à l’évidence une tâche lourde et fort exigeante. En fait, il s’agit d’assurer la paix sociale, satisfaire aux exigences des uns et des autres. Le Premier ministre doit cependant trancher.

Dans mes billets précédents portant sur la crise du coronavirus, je suis revenu souvent sur Le Prince de Machiavel, car le Florentin connaît comme pas un l’art de gouverner. Il y a une phrase du Prince qui me revient constamment à l’esprit, la suivante : « Celui qui contrôle la peur des hommes, devient maître de leur âme. » Car le nerf de la guerre (contre le coronavirus) se trouve là : la peur. Il s’agit de la contrôler. Non pas tant donc d’enrayer la peur que de la contrôler. Voilà la gageure que doit relever le politicien aguerri. Il doit assurer la paix sociale tout en contrôlant la peur.

Le Premier ministre ne doit pas plaire à un groupe plutôt qu’un autre. Il lui faut donner l’apparence de réconcilier tout le monde. Évidemment, il plaide pour la vaccination. La science est derrière lui, et les gens adhèrent à la science. D’autre part, il y a les droits et les libertés individuelles qui, jusqu’ici, furent passablement mis à mal. Le Premier ministre ira-t-il jusqu’à leur faire entorse ? Il risque gros. Toutefois, si la situation ne s’améliore pas dans les hôpitaux, Legault ira de l’avant avec le passeport vaccinal. Rappelons-nous toujours que le pari de Legault est de contrôler la peur. Non pas, encore une fois, l’éradiquer, car le Premier ministre ne le peut. Il ne dispose pas de baguette magique à cet effet.

Or, quelle est cette peur ? Celle du débordement et de la désorganisation des hôpitaux. La peur c’est le nombre d’hospitalisations. C’est – soyons clairs – le nombre de lits, point à la ligne. Voilà la peur du gouvernement. C’est celle d’un bon administrateur.

Personnellement, je n’ai jamais adhéré à l’État québécois ayant vu le jour lors de la Révolution tranquille. Le système de santé, en particulier, conçu par Claude Gastonguay (1920-2020), est un monstre abominable. Aujourd’hui, il montre sa vraie nature : des lits en nombre limité.

Legault, lui, est confronté à une réalité qui paraît dépasser le capacité du système de santé. Il ne peut revenir en arrière, en réingéniant le système de santé. En fait, comme je l’ai écrit de long en large dans ces pages, le soi-disant « système de santé » est enveloppé par une culture du « droit à la santé », générant l’irresponsabilité.

Personnellement, je suis d’avis que le « bienfait » principal de la crise sanitaire du coronavirus vise la prise de conscience de notre radicale irresponsabilité en matière de santé individuelle.

Comparez svp avec la culture suédoise sur le même sujet. Mais passons.

Donc, contrôler la peur. Comme un médecin contrôle la douleur. Non pas l’éradiquer, mais l’amoindrir, la rendre supportable. C’est bien là tout ce que peut faire un bon expert, qu’il soit politicien ou médecin. En cela, nous sommes bien les héritiers du fameux Siècle des Lumières. Dieu fut congédié, laissant la place à l’armée d’experts.

Lui-même, Legault avec la CAQ, congédia Dieu avec sa loi 21 sur la laïcité de l’État. J’ai presque envie de dire : « D’accord, je dégage de l’enceinte de l’État. Le crucifix de mon Fils n’y trouve plus sa place. Maintenant, arrange-toi avec tes troubles ! »

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