De la quaternité selon Neil deGrrasse Tyson
Dans une entrevue percutante, l’astrophysicien américain, Neil deGrasse Tyson (né en 1958), prétend révéler ce que nous sommes essentiellement. Nous partagerions essentiellement les quatre éléments répandus dans tout l’univers, à savoir l’hydrogène, l’oxygène, le carbone et le nitrogène. Il faut voir le savant insister avec passion sur ce « fait » fondamental. On n’a pas meilleure expression d’un scientifique qui prétend révéler les arcanes de l’univers.
Tyson est un vulgarisateur de premier ordre. Pour lui, la
science moderne constitue le nec plus ultra, l’ultime expression de la
vérité. Il réussit à communiquer sa ferveur pour la science.
On s’entend sur sa prémisse : les quatre éléments
chimiques mentionnés sont présents partout, dont chez l’être humain. Sommes-nous
toutefois réductibles à ces quatre éléments ? Ne sommes-nous que
cela ? Oui, répond sans hésistation aucune le vulgarisateur scientifique.
En ce sens nous faisons partie intégrante de l’univers.
En science, ce genre d’explication a reçu le nom de
réductionnisme. René Descartes, le père de la philosophie (des sciences) moderne,
a le premier établi le réductionnisme dans la méthodologique scientifique. Étant
donné un phénomène complexe, il s’agit de le réduire à ses éléments les plus
simples ou élémentaires. Dans le cas de l’univers, phénomène le plus complexe
qui soit, on en conviendra volontiers, Tyson s’attaque donc à gros. On pourrait
même dire que le propos de Tyson est « métaphysique » en ce sens qu’il
s’adresse à la Totalité de ce qui est, l’être en tant qu’être. Or quelle est la
nature de l’être en tant qu’être ? – La matière (sous forme atomique,
chimique). Tyson est donc un partisan du matérialisme. Le savant n’a sans doute
cure de ces vieilles étiquettes de métaphysique et de matérialisme, dont
l’ancêtre est le philosophe grec ancien, Démocrite d’Adbère.
Le réductionnisme de Tyson confine par ailleurs au
matérialisme. Il n’y a que les atomes claimait en son temps Démocrite. Tyson
aujourd’hui lui fait écho.
Admettons avec Tyson que les quatre éléments se
retrouvent partout dans l’univers, dont chez les êtres humains aussi. C’est un
« fait ». D’accord. La généralité de ce fait demeure toutefois un « fait
» particulier. Comme je le disais précédemment, il s’agit d’un fait fondamental.
La nature elle-même n’est pas consciente, sauf les humains, tel Tyson.
Ça prend un esprit (ou une psyché) pour asserter la
généralité des quatre éléments chimiques dans tout l’univers, dont chez les
humains. La question subsidiaire est de savoir d’où provient la psyché humaine.
Résulte-t-elle elle aussi des quatre éléments chimiques mentionnés ? En somme,
peut-on réduire la pensée à la matière comme le croit fermement le
matérialisme ?
Sans le réaliser, la psyché de Tyson fait appel à l’archétype
psychique de la quaternité. Il s’agit là de l’inconscient. De l’inconscient
collectif dirait le psychanalyste Carl Gustav Jung (1875-1961). De grands
symboles hantent l’humanité depuis la nuit des temps. La quaternité est l’un
deux.
Qu’est-ce que la quaternité ? « La quaternité
», écrit Jung, « est en somme un archétype universel. Elle constitue le
présupposé logique de tout jugement de totalité. » Songeons par
exemple au quatre coins du monde, au quatre points cardinaux. La croix aussi.
La quaternité a la structure 3 + 1. La Trinité chrétienne entre autres :
trois personnes en une seule.
Quand donc Tyson s’extasie devant les quatre éléments
chimiques composant tout l’univers, il ne fait qu’exprimer l’archétype
quaternaire. Il asserte une réalité psychique universelle, inconsciente.
Je mentionnais tantôt la croix des chrétiens. Il s’agit d’un
symbole (archétypique) aussi vieux que l’humanité. Car la croix s’inscrit dans
l’archétype de la quaternité. Sur la croix, le Christ Jésus vient réconcilier,
rassembler, unir les hommes avec Dieu.
Par ailleurs, la Trinité chrétienne répond au même
archétype quaternaire : trois personnes en une seule : 3 +1 = 4. L’Église
enseigne que la Trinité est un mystère. D’accord. Car on n’aura jamais fini de
saisir le sens de ce mystère, celui de la quaternité.
Évidemment, Neil deGrasse Tyson rejetterait du revers de la main les réflexions psychologisantes précédentes. L’athéisme moderne fait appel en bonne partie à la Science. Son matérialisme n’est que méthodologique, dit-il, car le scientifique se garde bien de dire uniquement ce que la science l’autorise à affirmer.
En fait, le scientifique fait appel, sans le réaliser, à l’archétype inconscient qui le dépasse et qui le présuppose.

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