Messages

Sacré amour

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  Qu’est-ce donc qui motive (voire oblige) la volonté à aimer la vie ? Pour ma part, je ne vois d’autre réponse que dans le sentiment. Sur ce point fondamental, je fais appel à Jean-Jacques Rousseau qui, dans l’Émile , déclare : Exister pour nous, c’est sentir ; notre sensibilité est incontestablement antérieure à notre intelligence, et nous avons eu des sentiments avant des idées. Quelle que soit la cause de notre être, elle a pourvu à notre conservation en nous donnant des sentiments convenables à notre nature, et l’on ne seroit nier qu’au moins ceux-là sont innés. Ces sentimens, quant à l’individu, sont l’amour de soi, la crainte de la douleur, l’horreur de la mort, le désir du bien-être… Connoitre le bien, ce n’est pas l’aimer, l’homme n’en a pas la connoissance innée ; mais sitôt que sa raison le lui fait connoitre, sa conscience le porte à l’aimer : c’est ce sentiment qui est inné. [1] Le sentiment d’aimer serait donc inné. Il se trouve pour ain...

Les raisons de l’amour selon Harry G. Frankfurt

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    L’amour, quel sujet fascinant ! L’amour, en effet, intéresse tout le monde. Le philosophe en particulier. car le philosophe aime la sagesse; du moins, il est en quête de la sagesse. C’est la définition même de la philosophie. Sa quête est motivée par l’amour. La raison de son amour de la philosophie, c’est l’amour lui-même ! Pourquoi en effet aimer la philosophie sinon pour servir les intérêts de ce que le philosophe aime à savoir la sagesse ? Les gens aiment l’amour en raison de l’amour lui-même. Voilà entre autres choses que l’on apprend de la brillante petite étude du philosophe américain Harry G. Frankfurt (1929-2023), Les raisons de l’amour . [1] On peut aimer toute sorte de choses ou de personnes, mais tous autant que nous sommes nous aimons aimer, nous aimons l’amour. Qu’est-ce donc que l’amour ? Ici, il va de soi, les réponses sont multiples et divergent. Quelqu’un proposera par exemple la définition suivante de l’amour : mouvement du cœur qui nous ...

Le casse-tête d'Augustin : Dieu en moi et moi dehors

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  Tard je vous aimée, Beauté si ancienne et si nouvelle, tard je vous ai aimée. C’est que vous étiez au-dedans, et, moi, j’étais dehors de moi !... Vous étiez avec moi et je n’étais pas avec vous. ( Les confessions , XII, XVII)   Ce passage des Confessions de saint Augustin est célèbre à plus d’un titre. D’une beauté littéraire de premier ordre, le texte évoque une profonde sagesse spirituelle. Dieu n’est pas dans les êtres, les choses ou les personnes, comme le croyait Augustin avant sa conversion. Il est « en lui ». Augustin a mis du temps pour le réaliser. C’est qu’il relate dans ses Confessions . Lorsqu’on cherche comprendre ce célèbre passage des Confessions , on se trouve confronté à une espèce de casse-tête. C’est surtout la seconde phrase qui constitue une redoutable énigme. Tel quel, affirmer : j’étais en dehors de moi , paraît parfaitement contradictoire, au sens où si je me trouve quelque part, à l’évidence, moi aussi je m’y trouve. Il y a là une so...

Décès du Pape François le lendemain de Pâques : pur hasard ?

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    Le lendemain de la fête de Pâques décédait le Pape François. Est-ce là un simple hasard ? Difficile à dire. Pour bon nombre, il s’agit d’une triste nouvelle ne s’inscrivant pas comme telle dans la fête de Pâques qui célèbre la résurrection du Christ. Pour ma part, je pense que la foi nous autorise à y voir plus qu’un malheureux hasard, un « hasard nécessaire » dirais-je. Mieux encore peut-être : un hasard signifiant . Car décéder le lendemain de la plus grande fête chrétienne célébrant la résurrection du Christ n’est pas anodin. Le pape aurait pu mourir avant Pâques, à l’hôpital. Cela aurait toutefois terni la Semaine sainte conduisant à Pâques célébrant le Passage de la Vie au travers de la Mort. Le message que proclame ce temps liturgique aurait été de la sorte dilué, amoindri, voilant l’Espérance qu’il véhicule. Valait donc mieux, à mon avis, que le pape tire sa révérence après la célébration de la fête par excellence de l’Espérance. À mon humble avis, i...

Métaphysique de l'islam

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  En tant que chrétien, l’islam m’a toujours laissé perplexe. Évidemment, parce que l’islam nie la divinité de Jésus Christ. Elle nie cette réalité fondamentale en raison de la conception absolutiste de Dieu qu’adopte l’islam. On lit dans le Coran, à la sourate CXII : Dis : « Il est Dieu, Unique. C’est le Dieu éternel. Il n’a point enfanté et n’a pointé été enfanté. Il n’a point d’égal. »   Par ailleurs, la profession de foi de l’islam ( shahada ), constituant le premier et le plus important des cinq piliers, énonce : « Il n’y a pas d’autres dieux qu’Allah, et Mohammed est le messager de Dieu. » C’est-à-dire : il n’y a pas de divinité (de réalité, ou d’absolu) en dehors de la seule Divinité (la Réalité, l’Absolu). Le Dieu Trinitaire, Père, Fils et Esprit saint est ainsi rejeté. Je soutiens que l’islam présente une métaphysique absolutiste. Je montrerai que la doctrine de l’unicité de Dieu de l’islam pose de grandes difficultés au plan métaphys...

Traverser la dépression avec Anselm Grün

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Dans Traverser la dépression. Impulsions spirituelles [1] d’Anselm Grün, il s’agit d’une approche spirituelle de ce que nous appelons aujourd’hui la maladie mentale de la dépression. C’est une approche peu commune car Grün ne tient pas la dépression comme une maladie, mais davantage comme une invitation à un renouvellement spirituel profond. La dépression, je connais bien. J’ai vécu plusieurs épisodes de dépression jusqu’ici. Pour moi, la dépression aura à chaque fois ébranlé mon être avant de m'y réajuster plus adéquatement. Qui est mon être ? Ce n’est pas mon moi conscient, mon ego. Certes, mon ego a souffert. L'ego a dû reconnaître sa grande faiblesse, sa vulnérabilité. Il n'est pas tout-puissant. Sur le chemin le conduisant à Damas, saint Paul a vécu quelque chose de similaire. Comme lui, ma faiblesse m’a appris qu’alors je suis fort. L’expérience de ma faiblesse m’a appris une vérité fondamentale quant à qui je suis : je  suis  lorsque je que je cesse d’être tout-pu...

Qui es-tu Yahvé ?

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  Un texte de l’Exode (32 7-14), où Moïse dialogue avec Yahvé, concernant le veau d’or fabriqué par les Israélites, laisse pour le moins perplexe sur la prétendue vertu morale de Yahvé. En ces jours-là, le Seigneur parla à Moïse : « Va, descends, car ton peuple s’est corrompu, lui que tu as fait monter du pays d’Égypte. Ils n’auront pas mis longtemps à s’écarter du chemin que je leur avais ordonné de suivre ! Ils se sont fait un veau en métal fondu et se sont prosternés devant lui. Ils lui ont offert des sacrifices en proclamant : « Israël, voici tes dieux, qu’ont fait monter du pays d’Égypte. » Le Seigneur dit encore à Moïse : « Je vois que ce peuple est un peuple à la nuque raide. Maintenant, laisse-moi faire ; ma colère va s’enflammer contre eux et je vais les exterminer ! Mais, de toi, je ferai une grande nation. » Moïse apaisa le visage du Seigneur son Dieu en disant : « Pourquoi, Seigneur, ta colère s’enflammerait-elle contre ton peu...